De l'art d'écrire

De l'art d'écrire

Jérôme Bergami, 21 juill, 2015

L’art d’écrire est un art périssable
lorsque celui qui le pratique oublie d’en renouveler les lignes, les perspectives, les rythmes, les couleurs, les respirations, enfin l’ensemble des approches qui le fonde. L’écriture de voyage s’ennuie à mesure qu’elle se répète – descriptions, dialogues, péripéties, etc. Rien de nouveau. Et l’esprit qui est sa voilure ne trouve plus son souffle. De là très certainement l’ennui. Je voudrais ne plus avoir à écrire. Mais comme pour la cigarette, je crains d’arrêter : quel goût peut avoir la vie sans ? S’il faut continuer, obligation m’est faite de trouver d’autres ressorts, d’explorer d’autres ressources.

L’art d’écrire est un art qui se corrompt
lorsque celui qui en use persiste dans le mensonge à son égard. Se pencher au-dessus de sa feuille sans y croire revient à s’agenouiller sans avoir la foi : dans les deux cas, il y a imposture. Trahison. Souillure. Oh, les grans mots, tout de suite, la grandiloquence ! Un jugement plus nuancé, et de fait plus clément, dirait qu’au contraire il est louable et brave de persévérer même affaibli par le doute. Par expérience, nous savons qu’il n’est rien de définitif, que l’espoir renaît quand on ne l’atttend plus. Ainsi en est-il de l’amour. Cette analogie s’explique : toute action menée sans amour étant amenée à se flétrir. L’on affirmera l’identique à propos de toute relation humaine. Et si l’on a conscience que l’écriture de voyage est essentiellement une écriture de relations, l’on acceptera sans difficulté l’idée que l’ennui découle d’une absence : l’absence d’amour. Partir dans la fougue, s’élancer, hardi,  à sa recherche... Réflexes de panique, non de raison. La solution ne résultera pas de l’agitation désordonnée des sentiments. L’amour ne vient pas tant qu’en soi la guerre bat son plein.

L’art d’écrire est un art de communion
lorsque le coeur de celui qui s’y soumet ose la paix.