Le défi du tourisme

Le défi du tourisme
- Jérôme Bergami, 05 nov, 2015 -

Ali Hadidi Fard est un homme qui croit. Qui croit en sa profession. Il est guide touristique et membre de la Fédération Nationale des Associations de Guides Touristiques d’Iran. Qui croit dans les personnes qu’ils rencontrent, porteuses d’actions, de projets d’envergures.

Je ne me suis jamais défini comme un touriste, je n’aime pas ce terme, cette notion, que j’associe à la disparition des cultures et des traditions locales par l’avènement des "relations monnayees". Ali le sait, l’accepte et m’accompagne. Lui et moi partageons une même vision du voyage, de l’aventure, lesquels sont indissociables de la dimension humaine que nous voulons leur apporter. Ce qui fait que nous formons ce duo des plus improbables, mais par la-même très attachant : moi, le pourfendeur du tourisme mondialisé, et lui, l’éco-guide desireux d’apporter à son pays l’éclairage qu’il mérite au près des étrangers du monde entier.

Si je vous présente Ali Hadidi Fard, c’est qu’outre ma gratitude à son égard, un évènement de taille se profile en Iran à l’horizon 2017 : en effet, l’Iran a été sélectionné pour organiser la prochaine Convention Internationale des Associations des Guides Touristiques. Evènement majeur, aux retombées déterminantes, tant sur le plan économique qu’en terme d’image. Ali y est fortement investit, oeuvrant avec le desir d’accueillir une centaine de représentations officelles venues des quatres coins du globe. Ali appartient à ce peuple iranien qui brûle de montrer qui il est réellement, loin des caricatures télévisuelles, l’hospitalité coutumière qui est la sienne, ainsi que l’extraordinaire variété de sa géographie et de ses habitants.

Pour en avoir observé bien de fois les dégâts au travers de mes différents voyages, je suis depuis de nombreuses années vacciné contre les vertus supposées du développement touristique. "L’industrie touristique" est l’expression employée par les professionnels du domaine et elle convient parfaitement à ce phénomène de masse, ou plutôt à cette volonté de massification qui à aucun moment ne se soucie du mieux-être des populations et de la préservation des savoir-faire qu’elle contribue au contraire à détruire. A celui qui demande la qualité des relations humaines envisagées sous l’angle de la découverte réciproque, l’industrie touristique répond : business, prenant la rencontre interculturelle pour paravent.

Mais bien que sans illusion quant aux tenant et aux aboutissants des politiques de développement touristique, j’ai plaisir aujourd’hui à présenter la Convention 2017 depuis que je sais qu’à l’intérieur de ce vaste programme ou se mêlent enjeux économiques et politiques, un homme ne manquera pas d’infléchir les lignes en ne perdant jamais de vue la place centrale à accorder à la dimension humaine dans cet equilibre si fragile qui doit régir la vie locale et l’influence touristique. Ali est un homme doué d’un grand talent d’organisateur, et il possède un solide savoir sur son environnement culturel. Mais son plus, c’est son cœur, qu’il ouvre, et son énergie, qu’il deploie, dés lors qu'il y croit : au cours de nos deux séjours à Téhéran et tout au long des trois cents derniers kilomètres de marche en Iran, combien son aide nous a été precieuse! Je me permets encore une fois de l’en remercier profondément.

Cette reconnaissance, je voudrais encore l’associer à deux autres homme, eux aussi guides touristiques : le premier vit dans un village, près d’Astara, région de l’Azerbaïdjan oriental, le second est installé près de Rasht, région de Gilan. Il s’agit de Messieurs Hussein Ravanyar et Hassan Mohit. Hussein sillonnait les environs de Meshgin Shahr à bord de son Van Delica quand il nous a apercus remontant un chemin de terre ; par son intermédiaire, nous avoçns fait la connaissance d'Hassan, dont le premier geste fut de nous accompagner dans nos démarches d’extension de visas a Rasht. Ces deux hommes nous ont chaleureusement accueillis chez eux et ont aimé nous rendre plus familier leur pays au cours de judicieuses conversations. Grâce a eux, des portes de l’Iran se sont ouvertes dans notre esprit. Et puis ils ont "senti" le sens de notre démarche. Comme Ali, ils y ont cru.

Certainement que Hussein et Hassan participeront à la Convention Internationale des Associations des Guides Touristiques, et certainement y rencontreront-ils Ali. Je me dis qu’avec des guides de cette trempe, de cette sensibilité, nous pouvons espérer que l’Iran saura préserver son âme sur le chemin épineux de l’ouverture qui l’attend.

Ici le lien de la Convention des Guides Touristiques d'Iran : http://www.wftga2017.ir