La Terre en Marche

Elle jaillit de derrière une colline ou d’un bois.
Elle s’échappe de ces petits morceaux de ciel coniques argentés, confondus parfois parmi les cimes.
La clameur.
Le soleil darde doucement, les nuages paissent, l’herbe dort. C’est beau et silencieux. D’une silencieuse beauté. Quand soudain, elle éclate : la clameur ! brisant le silence pour élever encore la beauté.
Et l’homme se sent si petit, et heureux de l’être, comme s’il était heureux d’être tout en même temps écrasé et mis en harmonie. Il oublie tellement souvent la joie de l’Unité, la plénitude du Tout. La clameur le lui rappelle alors, qui tonne et résonne du ciel aux parois, du ciel aux prairies. Des hameaux se découvrent au détour d’une courbe : à l’image du marcheur saisi par la beauté de l’instant à vivre, ils semblent trembler.
L’homme et la nature se regardent. Se retrouvent. Cela va très vite, ils sont déjà l’un dans l’autre.
La Création.
Elle vibre.
L’air est émeraude. Il n’y a plus rien à demander.
C’est à l’heure où Allah emplit la montagne.