Trois syllabes
Jérôme Bergami, 01 août, 2015
L’Arménie en vers de mirliton.
Tourne les mots et touille les rimes
Tel ragoût dans un gros marmiton.
Le manque d’esprit est-il un crime ? Â
De l’interogation, le pays
N’a cure, lui qui poursuit son deuil.
Il rumine sa mémoire, assis
Comme une vieille sur le seuil ; Â
Et son coeur résonne d’un seul mot,
Un mot qui saigne, cru, sous la dent
(Colombe n’apporta le rameau
Sur le mont. Dans son bec : un trident) : Â
Génocide, génocide... Pleure,
Vieux peuple, vieux pays, vieille terre,
Les trois syllabes de ton malheur !
Mais jusqu’à quand, dis, cette cautère ? Â
Les déportations et les charniers,
Les exils t’ont muré dans la nuit.
Ta douleur, qui pourrait te la nier ?
Mais tu dois vivre dés aujourd’hui. Â
L’Arménie à voix de baryton
Chante les mots et chante les rimes.
La joie, la paix que nous méritons,
Clame les haut du haut de tes cimes ! Â