Eh, Gitan !

Eh, Gitan !

Jérôme Bergami, 22 Sep, 2014

Eh!... Gitan! Fais-moi grimper sur ton chopper, et filons ensemble, filons loin… Quoi? Tire pas cette gueule… Où sont passées tes ailes d’Easy Rider?... Coupées!... Alors c’est vrai, tu t’es rangé?... Fini, la route !… les grands espaces, remballés !… Quatre planches, un p’tit meublé, t’as rien vu v’nir, on t’a cloué… T’y a pris goût!... Ah, mon salaud, les faubourgs sales, les terrains vagues… Mais comment! Y reste quoi dans tes rêves, gitan?... Allez, fais-la démarrer ta foutue bécane, c’est moi qui t’invite… Si t’as plus l’envie de t’évader, sois tranquille j’en ai pour deux… Du sang comme toi, j’en ai en-dedans, et il crie, il gueule sa vie, mon sang… Avec lui, j’écris sur la page de chaque matin: INSOUMIS!... Et j’peux pas croire qu’ton sang à toi il est clamsé… Gitan, plante-toi devant la glace, regarde-toi! C’est pas une tronche de condamné, ça… T’as tout tes yeux qui disent « En route! », et sur ta bouche y’a ce sourire, « Partir! Partir! »… Oh, gitan, t’es juste touché par un coup d’blues… Eh bien vas-y, colle-lui une beigne à ton préfabriqué! Brule-la ta cabane de chantier… Quelle idée t’as eue de v’nir t’y échouer… C’est l’époque, c’est l’époque… P’t’être vrai que l’époque n’est pas bonne pour « les amis des grands vents », mais c’est pas tout, y’a un moment où quand même t’as du flancher…
J’parle trop, tu dis? Le moteur chauffe… parfait…
En route, mon vieux!…
On r’prend l’aventure là où tu l’as laissée!