La chute

La chute

Jérôme Bergami, 21 août, 2014

« D'ou viens-tu? » me demande-t-on a tous les coups. Ce n'est pas ma réponse qui est surprenante mais la réaction qu'elle suscite chez le mâle grec de cinquante et plus.- Français !... Mitterrand!
Et c'est tout, rien qui suit, juste ce nom, Mitterrand, ces trois syllabes jetées dans cette exclamation - comme un qui buterait dans une ruelle de Whitechapel sur la dépouille d'une prostituée et s'écrierait horrifié : « Jack l'Eventreur! »; ou comme un autre qui repartirait de Lourdes en footing après y être arrivé en fauteuil roulant et qui aurait, les yeux au ciel, ce cri du cœur : « Mon Dieu! »
Difficile en somme d'interpréter la teneur réelle de ce « Mitterrand! » Cependant ce matin, l'épicier que je renseignais sur ma nationalité a ajouté un petit quelque chose. Il a dit : « Mitterrand, super politique! » Je me suis alors posé la question de savoir quelle pouvait être la raison particulière pour que sa Majesté François ait laissé dans la mémoire des Grecs un souvenir si élogieux. N'y avait-il pas de l'Europe là-dessous? Quelle avait été la position de la France dans les années quatre-vingt concernant l'intégration de la Grèce dans l'Union européenne? A vérifier, mais je devine que sa Majesté y était des plus favorables et qu'elle ait su faire entendre sa voix pour que la chose se fasse.

Il existe une variante à « Mitterrand! » Elle nous est fournie par le mâle grec de moins de cinquante ans.
"D'ou viens-tu?- Je suis français.- Français?... Hollande!" - exclamation souvent accompagnée d'un air goguenard. Prédisons sans risque que cet autre François ne marquera pas autant les mémoires que son aîné car ce qui appelle ce « Hollande! » n'est pas affaire de politique ou de diplomatie mais de scooter, de minable scooter, et de garçonnière, de banale garçonnière. Un autre épicier a qui je déclinais mon identité me l'a confirmé : « Hollande! Much, too much flirt! » s'est-il rengorgé.Désormais l'image de la France à l'étranger manque incontestablement de hauteur.
Après François le Premier, ses maîtresses, ses rejetons cachés, après DSK, sa femme de ménage, ses partouzes à l’internationale, son maquereau belge, maintenant Hollande, son deux roues, ses concubines, sa vedette de téléfilm. Force est de constater qu'il est de tradition dans la gauche française que de s'employer a faire choir l'image de la présidence dans les bas-fonds du pantalon.