Le maquis
Jérôme Bergami, 13 sept, 2014
Elle a pris le maquis! Bien sûr que oui j’y étais… Couillon je l’ai même suivie. Quelle mouche l’a piquée, j’en sais rien? Ça s’est passé à l’heure du midi, à la sortie du village, j’ai rien compris: tête baissée elle a foncé dans les buissons. On nous avait pourtant indiqué grosso modo le chemin, en allemand faut dire… recht und links… kleine Strasse… und recht und links…
Mais elle, a un moment donne, elle a crié « C’est là ! » et elle a foncé tête baissée avec son gros sac et le dos rond, comme un boulet de canon… C’est là quoi? Y’avait rien, rien que des buissons, et derrière idem, ça continuait, du buisson, du buisson, et ainsi de suite tout du long…
du long, du large et du travers, je devrais dire parce que le maquis on s’y est zigzagués dans tous les sens, et dans l’hostilité générale de la végétation… irritante, épineuse! Pensez donc, un maquis grec, c’est pas la pelouse du stade de France! Si seulement j’avais pu lui reprendre Google Maps des mains… Mais c’est qu’elle trottait dur, à son aise dans cette vilaine junglerie…
Oui, oui, j’ai suivi… Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre? Même quand mon sac a pris l’obstacle, la branche! et que sur la tronche j’ai ramasse toute la gamelle, j’ai continué, moitié assommé.
Mais le plus triste, c’est quand au bout de deux heures de sueur, je l’ai entendue crier: « On a plus de batterie! »
Là , j’ai regardé les buissons, tous les buissons autour de moi, avec toutes leurs épines...
Et j’ai senti le maquis qui me prenait a la gorge. Â